Article traduit et adapté de l’anglais par mes soins et publié avec l’aimable autorisation de Kenneth R. Smith.
Version originale disponible à cette adresse.
Dans un de mes anciens articles, je disais de toujours garder assez de jetons pour pouvoir partager (split), à moins d’avoir une bonne raison de ne pas le faire. Dans cet article, je vais revenir un peu sur cette affirmation, et vous aider à reconnaître quelques-unes de ces « bonnes raisons » de ne pas envisager de fractionner son tapis.
Je vois souvent des joueurs de tournois couper leur tapis en deux en main finale, misant la moitié de celui-ci avec l’idée de doubler leur mise sur n’importe quelle main, ou de splitter dès qu’ils toucheraient une paire. Parfois, c’est une bonne façon de jouer. Mais bien souvent, ça ne l’est pas. On va prendre un exemple tiré d’un tournoi.
Plus que deux compétiteurs à la table, le leader est au bouton avec un tapis de 11 300 $. Il mise le minimum, soit 100 $. L’autre joueur, qui a un tapis de 9 700 $, choisit de miser le max, soit 5 000 $. Dans son cas, splitter (partager) sa bankroll en deux aurait été bien plus judicieux, parce qu’en misant plus que la moitié de sa banque, il s’interdit ipso facto de doubler sa mise ou de partager une paire. En fait, il n’y avait aucune raison de miser plus de 2 500 $, dans la mesure où cela suffisait à couvrir tous les cas où le leader serait payé avec ses 100 $, et ce même s’il avait doublé et/ou splitté. D’ailleurs, une mise de 2 500 $ vaut même un peu mieux qu’un split de sa bankroll, car elle permettrait d’ouvrir une troisième main si besoin était. Dans ce cas-ci, le surplus de jetons qui résulterait de l’un ou l’autre fractionnement de son tapis n’aurait aucune importance. Ce qui compte, c’est qu’il ne faut considérer de splitter que si cela augmente les chances du joueur concerné de gagner au moins une mise nette.
Rien que pour vous montrer à quel point des situations aussi simples peuvent s’avérer complexes, j’irais jusqu’à dire que 2 400 $ serait une meilleure mise ici que 2 500 $, parce que 2 400 permettrait de jouer jusque 4 mains à la fois. Et encore, un gain de 2 400 $ se retrouverait annulé si le leader parvenait à gagner huit fois sa mise (= il lui faudrait quatre double downs payés) ! Mais bon, là, c’est vraiment aller chercher loin dans les probabilités !
Examinons maintenant d’autres cas de figures. Imaginons que le leader a maintenant 12 500 et mise 100, alors que vous avez 8 000. Voilà une situation où splitter sa bankroll (miser la moitié de son tapis pour mieux miser l’autre moitié, donc) est une mauvaise idée. En ne misant que 4 000, vous êtes obligé de doubler n’importe quelle main (autre qu’un black-jack) ou de splitter n’importe quelle paire pour avoir la moindre chance de gagner. Or, comme la mise max est de 5 000 à ce tournoi, et comme 5 000 suffisent pour gagner en gagnant simplement sa main initiale, le choix est vite fait. Et pourtant, je continue de voir des joueurs dans une situation similaire s’obstiner à mettre la moitié de leur tapis et à doubler quoi qu’il arrive. Peut-être qu’à force d’avoir vu des renversements de situations miraculeux à coups de doublés improbables, ils en sont venus à croire que c’était la seule façon de se refaire pour un joueur non-leader en dernière main. Mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Si remporter telle mise une fois suffit pour finir en première position, eh bien c’est cela qu’il faut miser. Misez 5 000.
Dans un autre cas de figure, on va maintenant dire que le leader a 13 500 et a misé 100. Vous, vous avez 8 000. Votre mise ? Ici, une mise de 5 000 ne suffit plus. Vous allez avoir besoin d’un doublé payé ou d’un black-jack pour y arriver. Donc, splittez votre banque et mettez 4 000.
Un dernier exemple : le leader a toujours 13 500 et a encore misé 100. Mais cette fois, votre bankroll n’est que de 7 000. Si vous misez 5 000, vous gagnez si vous avez un black-jack. Si vous décidez de miser la moitié de votre tapis en misant 3 500, un black-jack ne suffira plus pour gagner, mais vous pourrez toujours partager une paire si l’occasion se présente. En revanche, si vous avez un black-jack sur vos 3 500, alors vous serez obligé de doubler votre mise. La question est donc : vaut-il mieux miser le max pour conserver la possibilité de gagner grâce à un black-jack, ou bien miser 3 500 pour conserver la possibilité de splitter une paire au cas où ? (…)
Dilemme ! À vos calculettes ! J’attends vos suggestions dans les commentaires ci-dessous…
13 Commentaires. En écrire un nouveau
Miser 3500 pour conserver la possibilité de splitter une paire au cas où
Bonjour Jean, et merci pour ton assiduité !
Et aussi bravo, tu viens de gagner ton entrée au petit satellite de qualification au tournoi du 9 juin 2018 à Spa !
Quant à ta réponse, figure-toi que je l’accepte, mais saurais-tu nous dire pourquoi splitter et miser 3500 vaut mieux que d’espérer un black-jack ?
Encore un effort, et tu auras fait un grand chelem sur ce coup-là ! ^ ^
parce que plus de chance (probabilité) avec un splitt que une seule avec un BJ
signé waldonovitch et le jeune vuivre
Effectivement, les chances de recevoir une paire (une main partageable, donc) sont au minimum 3 fois plus élevées que celles de recevoir un black-jack (1 toutes les 21 mains, en moyenne). Waldonovitch et la jeune Vouivre reçoivent pour cette précision leur buy-in pour le satellite du 9 juin, tout comme Jean B. ci-dessus… Bravo à vous, et au “play”sir, hein !
Merde, viens seulement de voir le site……bravo Jean, ma reponse etait la meme…!!
L’autre aussi correcte…plus de probabilité de splitter….
“Wer zu spät kommt, den bestraft das Leben” (Gorbatchev au dictateur Honecker, deux mois avant la chute du Mur) 😉
hum, splitter… mais aussi la possibilité de doubler… 🙂 (et pas seulement sur un blackjack refusé évidemment)
donc nettement plus de chance indeed 🙂
à samedi, avec qqs ferrero rocher, “vrai” chocotofs, rafaello, et autre mini-mars/bounty ect
Merci Mike,
mais attention : si tu as splitté ta banque en deux moitiés pour le partage de la paire, tu ne pourras plus faire un doublé en sus !
En fait, pour qui connaît ses tableaux de probas, la réponse fuse immédiatement à l’esprit !
Attention aussi à ce que le Casino de Spa ne voie d’un mauvais oeil le fait d’amener des marchandises extérieures de contrebande… ^ ^
KF
correction, oui le split est la meilleure possibilité, étant donné que pour un doublé, il faut espérer ne PAS avoir une main faite, ce qui réduit ce choix, même si il reste possible, et renforce en soi celui de ne pas miser sur un possible blackjack 🙂
Si cela t’intéresse, je peux te communiquer les tableaux de probas des résultats des doublés sur mains “pas faites” (“stiff hands, en anglais US). À la lecture de ceux-ci, on comprend tout de suite pourquoi Ken Smith n’envisage même pas cette option pour le dilemme de fin d’article…
Merci, à samedi !
Cependant si nous n’obtenons pas deux paires “splittables” on sera quand même bien obligé de doubler nos 3.500 de mise de départ coûte que coûte… car sinon… ben… on perd… ;-). Le tout est de voir l’enjeu si on veut une première place ou une qualification…
Bien vu : qualification ou passer le leader est aussi un critère d’aide à la décision. Parfois, il n’est pas indispensable de finir premier, sauf s’il vous faut absolument la seule place payée digne d’intérêt à vos yeux en TF… Ou alors, la première place est déjà occupée par un veinard agressif avec gobbazillion jetons d’avance, de sorte qu’il ne reste plus qu’une seule possibilité de qualification ou de gain intéressant…