# 27 – Les tournois “bullshit” de certains casinos en ligne

Ou : « ceci n’est pas un tournoi »

Lorsque je me ‘lamente’ de voir qu’en 40 ans, les tournois de black-jack n’ont encore jamais réellement pris racine dans le paysage français et que le joueur sérieux doit écumer les pays limitrophes voire l’Europe entière pour pouvoir jouer ne serait-ce qu’un tournoi rentable par mois, mon interlocuteur a tôt fait de me rétorquer que j’exagère, que des tournois de BJ, il y en a quasiment tout le temps, aussi bien dans des casinos en dur (Les Sables-d’Olonne, Lons-le-Saunier en 2017, Besançon, Néris-les-Bains* en 2018) qu’en ligne. D’un point de vue statistique ou purement calendaire, je suis bien d’accord, mais encore faut-il se mettre d’accord sur ce que l’on entend par ‘tournoi de Blackjack’.

Tournois online, ou tournois en live ?

Je dis cela, parce que ces espèces de concours d’accumulation brute contre la montre de crédits qu’offrent la quasi-totalité des casinos en ligne qui proposent des ‘tournois de Blackjack’ n’ont, pour ma part, de « Tournoi de Blackjack » que le titre et ne présentent aucun intérêt.

Idem pour les tournois où ne sont invités à participer que les joueurs ayant misé le plus gros ou ayant obtenu le plus de black-jacks ou de 21 aux tables de Blackjack en cash game. Autant s’asseoir en rang devant un mur de machines à sous, et que le plus veinard gagne !

En effet, tous ces pseudo-tournois ont pour point commun de ne PAS faire s’affronter les joueurs en direct les uns contre les autres à une ou plusieurs mêmes tables. Chaque joueur y est en effet invité à jouer comme d’habitude contre la Banque pendant une certaine période, la plate-forme en ligne se contentant d’enregistrer et d’afficher par intervalles les totaux bruts en cours.
La stratégie, l’observation directe de ses adversaires, les tactiques en réaction aux mouvements de ceux-ci, la maîtrise des probabilités, bref, toute la finesse du jeu en live passe à la trappe.

Dès lors, il est aussi vain que déplacé de se plaindre du niveau catastrophiquement mauvais des participants ou du côté complètement ‘carnavalesque’ des règles proposées (je devrais dire IMposées) aux joueurs ‘qualifiés’ pour l’éventuelle finale qui réunirait les ‘meilleurs joueurs’ (comprendre : les plus gros miseurs, les plus bourrins et/ou les plus chanceux) à l’issue de la période initiale. Je pense ici notamment au ‘championnat italien de Blackjack’ organisé en 2014 à Malte par Lottomatica, l’opérateur national de loteries :

ou encore au « Kings & Queens » d’avril 2017, qui s’est tenu, lui, au Casino de Knokke, en Belgique, mais organisé par l’opérateur en ligne Napoleon Games. Nul doute que ces ‘finalistes’ ignares et eux-mêmes les premiers surpris de se trouver là n’auraient pas tenu un seul tour face aux participants du dernier Belgium Blackjack Trophy à Spa, ou du dernier ‘One Day’ à Namur ! (À l’exception de l’unique joueur ayant réussi à se qualifier en live aux tables de BJ du casino de Knokke, joueur qui se trouve être… un lecteur de ce blog :-p )

Autre exemple de bullshit tourney : ces tournois ‘express’ ou ‘flash’ où tout doit se décider en 4 ou 8 mains seulement. Comment voulez-vous rattraper en si peu de mains un ‘veinard’ ou un agressif sans aucun talent dont la mise maximale aurait été gratifiée d’un black-jack sur une main favorable ?! À pile ou face, on peut encore au moins manipuler la pièce, lors du lancement ! Et ça ose se baptiser « World Blackjack Tournament »… :

On l’aura compris : il y a un certain nombre de critères à respecter si l’on veut un tournoi de qualité, qui ne soit pas attractif uniquement parce qu’il prévoit une dotation minimale garantie au grand vainqueur final. Faire de la pub pour son établissement est une chose, faire de la merde en est une autre…

Comment reconnaître un tournoi authentique, et jouable ?
Je renvoie ici à cet article et à cet article du blog.

* Et encore s’agissait-il presque exclusivement de tournois gratuits, ou dont la dotation ne dépassait guère les 200 €… Premiers tâtonnements prudents de la part de ces casinotiers en attendant des formules plus lucratives (du point de vue financier pour les joueurs et marketing pour les établissements) ? Affaire à suivre !