Marie D. râle. Pour une fois qu’elle n’arrivait pas directement en table finale ET/MAIS qu’elle avait réussi ET à se faire miraculeusement repêcher par tirage au sort pour disputer l’ultime épreuve d’accès direct à la dernière place disponible en TF du Belgium Blackjack Trophy 2019, tournoi qui réunissait les meilleurs joueurs de toute la francophonie (Belgique, France, Suisse romande ^^), ET à battre la dernière repêchée encore en lice, voilà qu’elle s’est rendu compte qu’elle avait littéralement offert la victoire sur un plateau d’argent et raté une splendide occasion de devenir triple championne de Belgique en titre !
En effet, en reconsidérant la dernière main de la table finale dudit tournoi, véritables « internationaux de Spa de Blackjack de tournoi », je constate, et je n’ai pas été le seul, que ni sa mise, ni sa décision de jeu de sa main ne furent optimales, et c’est un euphémisme. Interrogée à ce sujet, l’intéressée a invoqué la fatigue, et en la voyant, j’étais bien prêt à la croire. Comme quoi, un tournoi de Blackjack de haut vol, c’est du sport, c’est long, et c’est un événement auquel il faut se préparer, tant mentalement que stratégiquement et que… physiquement, ainsi que je l’explique dans mon petit guide du joueur. Observons les tapis provisoires à l’entame de cette main finale pour comprendre ce qui s’est passé :
Siège 1) 10 100 (BR2)
Siège 2) 10 300 (BR1)
Siège 3) 7 200 (BR3)
Siège 4) OUT
Siège 5) 2 650
Siège 6) 7 075 (Marie, BR4)
Siège 7) 3 600
Mise minimale initiale 50, par multiples de 50, mise maximale initiale (avant splits et/ou doublés) 2 000.
(BR1 = meilleur tapis provisoire, BR2 = 2ème meilleur tapis etc.)
Un joueur agressif ayant sauté avant terme, le bouton de parole s’est retrouvé devant le joueur au siège 1, qui n’est autre que le champion en titre 2018 Aurélien H. Celui-ci mise 600. C’est une bonne mise à maints égards : miser trois fois le déficit par rapport au leader oblige ce dernier, qui, lui, n’est autre que Mr Jean B., un vieux loup de mer du TBJ et vainqueur de l’EBBJO 2019, à réagir, avec en prime la possibilité de jouer sur la psychologie (doublera, doublera pas ?) sans trop s’exposer aux attaques prévisibles des autres joueurs en cas de perte de ces 600 points.
Je parle d’ « attaques prévisibles », car la table finale était cette fois-ci composée exclusivement de joueurs de TBJ chevronnés, à l’exception peut-être d’Élodie « Dadie » D., dont c’était la première visite à Spa et que je n’avais vue qu’une fois à Namur et une fois en ligne, mais dont la présence à cette TF n’était certainement pas le fruit du hasard, étant donné que les deux premières phases d’éliminatoires étaient des phases de régularité et non pas des phases à élimination directe. Nous avons donc eu là une configuration très intéressante, qui contrastait avec le véritable FESTIVAL d’erreurs colossales de la part de CHACUN des finalistes de l’édition précédente, qui avaient tous en commun d’être des débutant.e.s ou presque (en tout cas à l’époque) !
Cela étant dit, si bonne que fut la mise de BR2, il y avait encore mieux (cf. la maxime du fameux Ken Smith, mon maître à penser : « there’s always a better bet ») : en effet, miser 800 ou 850, soit QUATRE fois l’écart au lieu de trois fois lui aurait permis, sans risque supplémentaire, de couvrir un swing sur maxbet de la joueuse au siège 3 (BR3) (= il reste devant elle même s’il perd sa mise et si elle gagne la sienne) tout en augmentant la pression sur le leader, voire, accessoirement, de gagner cette finale, tout simplement, avec un black-jack si le leader se contentait de faire matchbet ou coverbet à minima et ce, même si BR4 tentait un maxbet doublé et payé ! Dommage !
À ces 600, Jean B. répond par une mise de 500, ce qui est aussi une bonne mise : elle n’est pas stéréotypée (ce n’est pas un matchbet de base), elle effectue un coverbet sans frais (= Jean gagne même si tous deux sont payés par la banque). Mais elle n’est pas sans risque (il s’expose notamment à un potentiel swing d’Aurélien, mais bon, on ne peut pas tout avoir et rarement tout régler en une seule mise « idéale »). MAIS SURTOUT, comme est venu me le faire remarquer Mike H., un joueur de TBJ francophone de la première heure, elle négligeait la possibilité de couvrir, par un doublé, un éventuel doublé payé de la part d’Aurélien ! Dès lors, quitte à miser dans les 500, il aurait mieux valu miser… un jeton de plus, soient 550. Dommage (bis) !
Sans surprise, la joueuse en siège 3) mise le max, qui sera suivie, toujours sans surprise, par un « half-bankroll » de la part d’Élodie D. ET de Jeanno « the pusher » V., autre vieux loup de mer du (T)BJ, déjà finaliste aux éditions 2017 et 2018 de ce tournoi.
Vient alors le tour de Marie D. de miser. Elle gamberge un moment, puis avance une mise de 1 700 devant sa bet line. Aïe aïe aïe ! Première erreur de la soirée de sa part, mais quelle erreur !
Mais ce n’est pas tout !
Après distribution des cartes, la banque montre un As. (Pas d’assurance autorisée ici.)
Content de son 19 (et un peu bloqué par celui-ci, il faut bien le dire), Aurélien le BR2 décide de passer la patate chaude à son voisin (et néanmoins ami et rival), qui a reçu un 9 (5 / 4) et qui décline l’occasion de doubler qui se présente, tirant pour un total de 17 et évitant ainsi de prendre un risque inutile en tant que BR1. La joueuse en siège 3 passe sur un 18, la joueuse suivante tente un doublé désespéré à quasi-tapis, crève, et finit d’ores et déjà avec seulement un jeton. Vient le tour de Marie D. Et vous savez quoi ? Elle RESTE à 14 ! Deuxième grave erreur !
Voyez-vous pourquoi je m’offusque, chers lecteurs ? Et VOUS, qu’auriez-vous misé / fait à sa place ?
À vos commentaires !
Tournament vôtre,
KF
(PS : pour info, la banque a fait 18. Mais ça, on ne le sait toujours qu’après-coup!)
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1900 et doubler si nécessaire
Oui, bien vu ! Mais… pour quelles raisons, au fait ? ^^
Car, comme dans le jeu “Des chiffres et des lettres”, j’ai en tête encore mieux !
Doubler évidemment (qu’auriez-vous misé / fait à sa place ?)
“évidemment”… ou “si nécessaire” ? ^^
Prendre une carte
C’était en effet le minimum qu’elle pouvait faire, même si sur le moment, avec un As à la banque, elle a sans doute espéré plutôt une défaite généralisée de la table. Mais alors, pourquoi une telle mise ? Car rappelons-le, ce n’est qu’après que la Banque a tiré un… 7 pour faire 18 !
De plus, nous avions là ce que les joueurs US appellent un “free hit”, une situation où prendre une carte sur une main bustable ne change / coûte absolument plus rien au classement (“Dadie” et “Borus” et “Lapin” étant déjà largués).
Bref, qu’auriez-vous fait à sa place, mon cher Jean ?
au vu des écarts avec br1 & 2 ; et de leurs mises, un min bet, jouer sur la défaite, aurait été inutile, donc miser pour dépasser, donc soit un max pour ne pas avoir à calculer, soit 1900 pour faire calculer les autres, mais pas moins…ensuite, cartes tombées, étant donner que les 3 adversaires au-dessus étaient servis et qu’en dessous même un doubler ne pouvait faire tomber d’avantage, mais pouvait par contre permettre de prendre la première place, vu les ‘faibles’ mises de br1&2 : doubler, prendre une carte n’aurait rien résolu, ne pas en prendre et que tous perde, non plus
EX-AC-TE-MENT !
Et toi personnellement, tu aurais misé 1850, 1900, 1950, ou 2000 (le max) ? Et pourquoi ?
– le seul intérêt d’une mise de 1850 serait de prendre la troisième place, mais les cartes n’étant pas tombées, et donc br5&6 pouvant doubler leurs tapis, c’est trop spécifique et risquer pour juste prendre une place, ceci en cas de pertes ‘simple’ de br3&4
– 1900 est idéal car doubler permet de viser la première place, et si br3 double aussi mais que br3&4 perdent, br4 passe devant : écart 125, diff de pertes 200…
– ce qui veux donc dire que 1950 & 2000 seraient de trop car ne couvrant pas cette possibilité
donc le mise idéale c’est 1900.
Tout ce que tu dis est vrai, et pourtant, 1 900 n’était pas non plus optimale… Vois-tu à quelle mise je pense, dès lors ? 🙂
hum, ben non, je sèche là^^
L’on sait que parce que je suis du genre pessimiste en dernière main, j’ai tendance à vouloir couvrir, agressivement s’il le faut, le plus d’occurrences possibles. Or, personne n’a encore parlé d’un éventuel black-jack obtenu par BR2 et/ou BR1 (Jean) !
And the winner (bet) is…. ?
ce serait max bet, ça couvre de 50 le bj de br2 et fait égalité avec br1, les gains étant de 40%,25, puis 15 & 10, oui, ça vaut le coup de na pas ‘couvrir’ la troisième place
Bingo ! La plus bête des mises était, pour une fois, la meilleure !
Et si elle avait doublé sur son 14, elle aurait reçu… le 7 qu’a pris Jeanno après elle ! Et la Banque ? Encore un 7 !
On nage ici en ironie profonde, comme tu dirais…
question subsidiaire : au vu du nombre inédit de surrender avec un 17 au joueur/joueuse, ça vaut vraiment le coup ? et si oui, dans quelles situations ?
Cette question (et plus généralement la question des fonctions du Surrender) fera l’objet d’un prochain article, à paraître fin janvier prochain, my good fellow !
pouce levé 🙂