# 39 – FAQ : more about KungFox

Bonjour à vous les gamblers raisonnés,

pour finir l’année en beauté, un peu de transparence, sous forme d’« auto-interview ». Ou comment répondre par anticipation aux questions les plus fréquemment posées ! 😉

Q) Tu n’as pas peur d’y laisser ta chemise ? C’est quand même le casino qui gagne à tous les coups, non ?

Les jeux d’argent font peur autant qu’ils fascinent, et le commun des mortels a du mal à croire que l’on puisse en faire une sorte de viatique, lucratif qui plus est. À cette première question, ma réponse est un NON clair et net. Non, car en tournoi de Blackjack, la seule somme d’argent que l’on risque est le montant de son inscription, en plus d’une éventuelle ré-entrée (ou re-buy, selon que l’on doive recommencer le parcours depuis le 1er tour d’éliminatoires ou non). À partir de là, c’est à chacun de savoir s’il peut se permettre de PERDRE ladite somme pour ce tournoi, et/ou si elle ne grève pas par trop son budget jeu annuel, budget jeu annuel 2020 qui doit avoir été constitué tout au long de l’année 2019 et qui ne doit pas consister en une partie du budget alimentation, bien sûr !

Les tournois de Blackjack sont, avec ceux de poker, le seul jeu de casino où le talent vient contrebalancer le hasard pur, et où le même talent, doublé d’un bon sens stratégique, est le seul à pouvoir rendre l’activité profitable (à tous les sens du mot) sur le long terme. Au pire, vous en connaissez beaucoup, vous, des jeux où l’on peut jouer en casino plusieurs heures, voire toute la soirée et une partie de la nuit pour soixante euros ?! Essayez de tenir six heures avec la même somme en cash game…

Du reste, les casinotiers ne sont pas dupes : les tournois de BJ sont pour eux bien plus un outil marketing et/ou une formule d’animation de leur établissement en recherche d’air frais et de sang neuf. Leur profit, dès lors, vient de ce que l’on appelle le « side play » en anglais, à savoir les pertes des joueurs aux tables de BJ régulières pendant les pauses et avant et après le(s) tournoi(s). L’une des principales raisons pour lesquelles le Blackjack en mode tournoi a pratiquement disparu aux États-Unis a été qu’il n’y avait presque plus personne parmi les joueurs de tournois de Blackjack pour jouer aux tables classiques. En tout cas, pour jouer et perdre suffisamment à des tables aux règles pourries, mais ceci est un autre débat…

Enfin, rien n’oblige à se rendre dans des casinos pour disputer des tournois de Blackjack. Ceux-ci peuvent tout à fait se jouer entre amis en privé, à la manière d’un jeu de société, sans enjeux d’argent… Tout est donc question de « bankroll management »…

(Extrait du film “Croupier”, de Mike Hodges, qui a révélé Clive Owen) (1998)

Q) Tu as déjà remporté des tournois ?

Pendant plusieurs années, mon objectif a été d’abord et surtout de finir dans les places payées (ITM, pour in the money) des différents tournois auxquels je me rendais. J’étais donc ce que l’on pouvait appeler dans le jargon US un « joueur EV+ » bien plus qu’un joueur « go-for-broke » (variante : « go big or go home »). Depuis fin 2015-début 2016, je me suis toutefois aperçu qu’il ne coûtait rien ou presque en termes de rentabilité de chercher a priori à remporter la première place en table finale (TF). C’est ainsi qu’à ce jour, sur cent tournois en live et à entrée payante (minimum 55 €, maximum 550 €), j’ai terminé pas moins de 32 fois ITM.

Ma première victoire à un tournoi multi-tables d’envergure ? Elle est assez récente, puisqu’il s’agit du Championnat d’Allemagne, à Duisburg, en décembre 2018, où ma première place m’a rapporté près de 3 000 € nets.

Q) 3 000 €, c’est pas beaucoup ! Tu n’en vis donc pas !

Je n’ai pas dit non plus qu’il s’agissait de mes seuls bénéfices issus du jeu cette année-là… 😉 Certes, dans l’absolu, 3 000 €, ça ne fait pas tellement rêver. Mais c’est parce que les tournois de Blackjack n’en sont encore qu’au stade embryonnaire en Europe continentale. Cela dit, le concept se développe : BCC en novembre au Casino de Namur, principal casino francophone à proposer des tournois de BJ, où le vainqueur est reparti avec 10 000 €, WCC à Malte, Coupe du monde en Autriche , où 65 500 € attendaient le grand gagnant… Comme je le dis dans mon petit guide du joueur : quand la « prochaine vague » des tournois de BJ déferlera sur l’Europe en général et sur la francophonie en particulier, ce sera la « baraka » pour tous les joueurs expérimentés et préparés !

Et puis, dans le contexte économique général actuel, je ne connais pas grand monde qui cracherait sur un 13ème voire un 14ème mois non-imposable… Et je ne parle même pas des rencontres que l’on peut faire dans ce genre de « circuit » étrange, parallèle, underground-en-costard et coloré…

Quant à en vivre, il faut savoir que seule une poignée de grands joueurs US de ce que j’appelle « l’âge d’or du TBJ » (2001-2008) avaient à l’époque quitté leur job, voire tout quitté pour passer professionnels du Blackjack en mode tournoi. Je pense ici à des figures d’exception comme Dave Stann. Et encore se sont-ils depuis reconvertis (dans le poker, notamment), ou bien se la coulent douce en profitant des intérêts composés de quelques placements financiers judicieux…

Q) Ton budget jeu annuel ?

Autour des 5 000 €, dépenses annexes comprises. Pas mal pour un ancien chômeur et freelance endetté qui a commencé avec 200 €, je trouve. Je réinvestis tous les bénéfices et excédents en un « portefeuille » (cocktail ?) d’actifs productifs et de biens tangibles et durables, qui vont du tracker immobilier au lance-roquettes antichar… (mode private joke ON)

Q) Un joueur de poker a-t-il sa chance, en tournoi de Blackjack ?

Tout à fait, et même mieux : il est littéralement avantagé, notamment par sa lecture des tells et des profils adverses, alors que l’inverse est rarement vrai : la plupart des grands joueurs de TBJ américains qui se sont reconvertis dans le poker fin des années 2000 – début des années 2010 ont eu des résultats plutôt médiocres, tandis qu’à chaque tournoi de BJ notable, on compte presque systématiquement au moins un pokériste en TF. Ainsi lors du premier Belgium Blackjack Trophy 2015 au Casino de Spa, dont la gagnante était une joueuse de poker en ligne et dont le troisième était membre d’une team poker belge. Même chose pour le Belgium Casino Championship 2019 à Namur, dont le 3ème prix a été décroché par un jeune pokériste dont c’était l’un des tout premiers tournois de BJ.

Q) Tu comptes les cartes, en tournoi ?

Plus depuis 2011. Cela fait d’ailleurs quelques décennies que l’idée selon laquelle le ratio risques (fatigue mentale, erreurs de ciblage…) / bénéfices serait beaucoup trop défavorable fait consensus parmi les professionnels. Même s’il s’en trouvera toujours certain(e)s pour s’accrocher à cette idée comme à une bouée de sauvetage de leur ego…

Q) Tu fais ça pour le fric, ou pour la gloire ?

Les deux, mon capitaine ! 😉 (Cf. plus haut) Ajoutez à cela les aspects fun, rencontres et tourisme/voyage, et le tableau de mes motivations sera complet !

Q) Y a-t-il (eu) des tournois en France ?

Oui, il y en a bien eu quelques-uns, dont l’European Black Jack Tour 2007 à Deauville, Monaco et feu l’Aviation Club de France, ainsi que quelques freerolls bullshit accumulatifs en Bourgogne en 2017…

Toujours est-il que la France est LE grand pays européen retardataire en la matière, mais il est toujours possible d’aller démarcher la direction de son casino local si l’on ne veut pas devoir réserver un AirBnb en Belgique chaque mois… Pour être plus convaincant(e), l’on peut toujours recourir à l’argumentaire que je développe dans le second volume de mes guides…

Bonnes cartes à vous, bonne gestion de vos avoirs et de vos qualités, et bonne et heureuse année nouvelle !

Tournament vôtre,

YVB, alias KungFox

Image du haut : extrait du film “The last Casino” (La Mise finale) (2004), un “must” pour tous les fans de Blackjack ! Bien plus intéressant que “Las vegas 21” (2008)…