Article traduit de l’anglais par mes soins et publié avec l’aimable autorisation de Kenneth R. Smith.
Version originale disponible à cette adresse.
En tournoi, une des positions les plus frustrantes qui soient est d’être à la traîne au score, tout en devant parler avant le leader. Quoi que vous misiez, le leader a la possibilité d’aligner grossièrement sa mise sur la vôtre, et donc de s’assurer de vous reprendre à la fois le high et le low sur cette main, c’est-à-dire que si tout le monde à la table est payé sur cette main, il gagne quand même, et si tout le monde perd, il gagne quand même. Si l’on ajoute à cela le fait qu’en tournoi, on n’a qu’un temps limité de réflexion avant de devoir miser, on comprendra qu’il n’est pas facile de placer une bonne mise dans ces conditions. Par bonheur, il existe un raccourci génial que vous pouvez utiliser pour choisir une mise qui maximise vos chances de dépasser le leader, et ce sans devoir effectuer un tas de calculs.
Ici, je vais devoir utiliser quelques exemples concrets, alors préparez-vous à réfléchir un petit peu. Imaginons que notre tournoi impose des mises allant de 5 à 1 000, et que l’on est derrière le leader de 50 (nous : 2000 ; lui : 2050). La bonne nouvelle, c’est que 50 de retard sur le leader, c’est rien. La mauvaise nouvelle, c’est que le leader peut facilement nous tenir à distance, puisque c’est nous qui sommes « au bouton » et donc obligé de parler le premier. Le croupier attend de connaître votre décision de mise, et le temps commence à manquer. Comment savoir quelle est la meilleure mise ? S’il reste encore plusieurs mains à jouer avant la fin de la manche, ce serait pas mal de prendre la tête du peloton ici, mais sans pour autant risquer plus de jetons que nécessaire pour ce faire.
Comme le leader peut aligner ses mises sur les vôtres, vous ne pourrez pas le rattraper en gagnant simplement votre main, à moins qu’il ne fasse une erreur de mise ou que vous ne receviez de meilleures cartes. Cela dit, il existe d’autres moyens de repasser devant le leader : doublé, partage, black-jack… Jetons un coup d’œil à quelques-unes de ces possibilités.
D’abord, il faut regarder combien le leader peut se permettre de miser après vous. Sa mise optimale va sans doute être la vôtre quelle qu’elle soit, plus quasiment toute son avance sur vous. Si vous misez 100, il peut miser ce qu’il veut jusque 145 et conserver quand même le high et le low.
Si vous gagnez votre main et le leader perd la sienne ou fait égalité avec la banque, ou si vous, vous faites égalité pendant qui lui perd sa main, vous dépassez le leader au score. Cela reste vrai tant que vous misez au moins votre retard sur lui plus un jeton. Néanmoins, une mise de 100 vous offre une chance supplémentaire de gagner par rapport à 55, mise minimale pour espérer le dépasser. Admettons qu’il mise 145 après que vous avez misé vos 100. Eh bien, si maintenant vous parvenez à remporter une mise doublée, vous le dépassez même s’il gagne sa main lui aussi. Vous êtes payé 200, lui 145, donc 55 de plus que lui. Et comme vous n’aviez que 50 de retard, c’est maintenant vous qui menez, de 5 points. Et ça, c’est pas juste une coïncidence. Mais il y a moyen de faire encore mieux.
Cette fois-ci, vous misez 200. Lui place une mise optimale de 245. En faisant cela, il vient de vous offrir encore une chance supplémentaire de le battre. Bien sûr, si vous gagnez votre mise doublée, vous gagnez tout court, mais regardons un peu ce qui se passe si vous touchez un black-jack. Un black-jack sur une mise de 200 est payé 300. Même si lui est payé 245, vous, vous touchez 300, et vous voilà de nouveau leader de 5 points. Encore une fois, c’est pas juste du hasard ici.
Encore un exemple : ce coup-ci, vous misez 250. Votre adversaire mise 295. Cette fois-ci, c’est lui le veinard, et c’est lui qui reçoit un black-jack. Vous grognez, et puis vous rajoutez 250, prêt à doubler sur n’importe quelle main. Si votre doublé passe, vous touchez 500, alors que le leader n’aura touché que 442,50. Vous êtes maintenant en tête, de 7,50.
Le problème, c’est que chacune de ces décisions implique d’effectuer plusieurs calculs, et passer en revue toutes ces opérations mentales à la table prend du temps et fait courir un risque d’erreur. C’est là qu’intervient le raccourci dont je parlais plus haut. En veillant à miser au minimum les multiples ci-dessous de votre retard sur le leader, vous vous offrez toutes ces façons supplémentaires de l’emporter. Dans notre exemple, nous avions un retard de 50 en début de main :
– En misant 2 x votre déficit (100) : un doublé payé de votre part bat une victoire simple du leader ;
– En misant 4 x votre déficit (200) : votre black-jack bat la main payée du leader ;
– En misant 5 x votre déficit (250) : un doublé payé de votre part l’emporte même face à un black-jack du leader ;
Dès lors, dans le doute, essayez de miser cinq fois votre retard sur le leader. Si une telle mise met en danger votre classement à la table, envisagez de miser quatre fois votre retard, et deux fois le retard si cela ne va toujours pas. Dans le pire des cas, revenez à la mise égale à votre déficit plus un jeton.
Parfois, ces multiples paraîtront un peu exagérés, là où une mise plus petite ou plus précise aurait eu le même résultat. Si votre mise avoisine ou égale le maximum autorisé, le leader ne pourra guère miser autre chose. Il n’empêche que la beauté de ce raccourci, c’est sa simplicité. Il est rapide et facile à calculer, et a le mérite de vous garantir d’avoir les bénéfices décrits ci-dessus.
Souvent, vous remarquerez que le leader est loin d’effectuer une mise optimale après la vôtre. Soit qu’il mise trop petit, vous offrant ainsi des options supplémentaires pour le battre, soit, cas plus fréquent, qu’il surmise, vous laissant ainsi le low sur cette main (= vous laisse gagner si la banque bat la table). Et dans ces cas-là, même si vous avez avancé une mise considérable, il n’est pas rare de se surprendre en train d’encourager le croupier à défoncer la table.
Bien sûr, pour chacun de ces cas de figure, le leader peut toujours doubler sa mise par après pour reprendre la première place au cas où tout le monde serait payé. Mais bon, hé, vous êtes à la traîne au score, et c’est vous qui êtes au bouton. C’est vous, le sous-fifre, dans l’histoire, faut pas l’oublier ! Et quand c’est comme ça, il faut faire au mieux avec ce qu’on a. Et quand ce qu’on a, c’est la règle du « 2, 4 et 5 », c’est quand même plus facile.
5 Commentaires. En écrire un nouveau
Très bonne règle à mettre dans un fichier de la mémoire
Merci-merci ! Attention, cette règle ne s’applique que si l’on est “au bouton” et à la traîne. Il existe cela dit moult autres techniques, j’en reparlerai sur ce blog…
Bien à toi,
KungFox
okkkkkkkkkkkkkk
un moyen rapide qui peut, sous la pression, nous éviter des erreurs de sizing
[…] de BR2, il y avait encore mieux (cf. la maxime du fameux Ken Smith, mon maître à penser : « there’s always a better bet ») : en effet, miser 800 ou 850, soit QUATRE fois l’écart au lieu de trois fois lui aurait […]