Bonjour KungFox,
Je te transmets ci-dessous mon compte rendu détaillé du WCC (World Casino Championship) qui s’est tenu au Malta Casino ce week-end du 16 novembre.
Ce « trip report » fait un peu “3615 MyLife”, mais cela me permet d’extérioriser ma frustration (tu vas comprendre).
L’organisation générale
De manière générale, pas grand-chose à reprocher à l’organisation dans son ensemble.
C’était propre et fluide avec un horaire bien respecté, de petits événements en “side” gratuits pour accompagner les 2 grands tournois (roulette et BJ), tels qu’un mini-tournoi de Hi-Low ou de wheel (où il fallait cumuler le plus grand chiffre).
Des petits sacs de goodies (ça fait toujours plaisir), une money wheel avec des chèques Amazon à gagner…
La zone du tournoi était isolée du Casino en lui-même (où seuls les satellites se sont tenus), dans un espace dédié, directement dans l’hôtel Intercontinental rattaché au casino.
L’accès à cette zone était réservé aux joueurs (et accompagnants directs). Cela évitait trop de bruits “parasites” et simplifiait la concentration.
Sur le plan “négatif”, je dirais qu’il est regrettable que les satellites n’utilisaient pas exactement les mêmes règles (en terme de min/max bet) que les tournois. Du coup, y aller pour s’entraîner était un peu trompeur.
Toujours sur le plan “négatif”, étant venu par mes propres moyens et non pas en étant qualifié via Unibet en ligne (où les gars, pour se qualifier, ont joué plus de 80K€ en une semaine, chose que je ne pouvais pas suivre), on m’a un peu fait sentir que j’étais un citoyen de “seconde zone”. Très concrètement, par exemple, je n’avais normalement pas droit au buffet.
Dernier point, mais là, c’est plus une déception, car j’imagine que c’était difficile à anticiper pour eux : l’annulation du tournoi Highroller. En marge du “Main Event”, un tournoi à 5 joueurs / 3 rounds devait se tenir.
Certes, cela aurait été de l’accumulatif de nouveau, mais de l’accumulatif sur une seule table. Je regrette cette annulation parce que, même si je ne peux pas prédire les cartes qui seraient sorties, compte tenu du déroulement du “Main Event”, je pense que j’aurais pu le gagner. Mais avec 2 inscrits…
J’ai été surpris dans le sens où oui, il était cher (1 100€) mais vu le principal public présent, en l’occurrence des “bourrins du online prêts à taper 80 000 € rien que pour se qualifier”, je m’attendais à en voir plusieurs sortir le chéquier pour en découdre.
Le Main Event
Je ne parlerai que du Blackjack, n’ayant suivi que d’un œil très distrait le Main Event de roulette.
Là, on rentre dans le vif du sujet, et dans ce qui me fait dire que je ne pense pas y retourner.
Un peu de contexte :
• Une 70aine de joueurs en quarts de finale, répartis en 3 groupes (pas assez de tables pour que tout le monde joue en même temps) – (chaque table accueillant 5 joueurs). Min/Max bet : 50/500 – Start stack : 4 000
• 25 joueurs en demi-finale (chaque table réunissant 5 joueurs) . Min/Max bet : 100/1000 – Start stack : 8 000
• 10 joueurs en finale (2 “tables finales” de 5 joueurs) <== Oui, déjà là, ça coince sérieusement… . Min/Max bet : 200/2000 – Start stack : 16 000
Je vous la fais en résumé d’abord, concernant mon parcours :
Je gagne sans forcer ma table de quart de finale avec 4 maxbets d’avance sur le 2ème, et finis 7ème (au chipcount) du jour 1, donc qualifié pour les demis.
Je gagne avec un poil plus de réflexion la demi-finale, avec plus d’un maxbet d’avance sur le 2ème… Et… Je suis éliminé.
J’ai donc été premier 2 fois et je suis “out”, 11ème au général, la pire place…
Certes, je suis “in the money” pour 1 000€ (et c’est le seul point positif, 20 joueurs payés, c’est pas mal, contrairement à Innsbruck qui n’en paiera que 9). Mais la manière d’être éliminé m’a écoeuré.
Comment est-ce possible? Tout simplement parce qu’en additionnant mon score des quarts de finales et de la demi-finale, mon chip count total cumulé n’était que le 11ème meilleur au général.
Donc, sur une autre table, le 2ème, voire le 3ème de la table a dû bourriner et la banque bien payer (là où à ma table, il fallait la jouer fine pour éviter le broke).
Est-ce que j’aurais pu tenter quelque chose ? Oui, surtout en demi-finale, où j’avais en fin de game un stack plus que suffisant pour tenter des attaques massives.
Mais je n’ai pas estimé en avoir besoin, vu que ma table était sous contrôle. J’ai donc globalisé que statistiquement, les autres tables devaient avoir des ratios similaires.
C’est pas ça, je le savais et tu m’avais prévenu, mais c’est extrêmement râlant.
Je n’avais aucun moyen de savoir ce qui se passait sur les autres tables. Je ne jouais donc pas vraiment contre mes adversaires à la table, mais bien “contre la banque générale”.
Le but n’était plus de faire “mieux que les autres de sa table”, mais stacker la plus grosse pile possible de jetons. Et de fait, c’est une philosophie de tournois à laquelle je n’adhère pas.
Ce qui me fait le plus enrager, c’est que, sans vouloir me jeter des fleurs, j’avais vraiment mis en place un très bon jeu, adapté au public “bourrin” (ça faisait 3 semaines que j’expérimentais dans mon coin plusieurs stratégies), dans un style où l’on ne m’aurait pas du tout reconnu 🙂
J’ai fonctionné sur une martingale inversée. Vu que ça tapait maxbet à quasiment chaque main, les stacks faisaient des montagnes russes.
Plutôt que de rentrer dans cette frénésie et compter sur la chance, j’ai joué ultra low et profité des “momentums” qui se produisent toujours à un moment (4/5 wins consécutifs).
Après chaque win, je grossissais la mise initiale à hauteur de 1.4/1.5x la mise précédente. Dès que je perdais une main, je redescendais +- à hauteur du minbet.
Mais les 0.5/0.6 accumulés main par main + l’exploitation des opportunités de split/double faisaient la différence.
Bref, cette technique était parfaitement adaptée aux adversaires à ma table (et j’avais d’autres options si la banque enchaînait les paiements), mais malheureusement pas adaptée à un accumulatif “brut” où vu le nombre d’adversaires, je ne pouvais pas stacker aussi vite que sur d’autres tables plus “généreuses”.
Cette technique ne marcherait pas contre vous (et pas à Innsbruck à cause des 6K de maxbet et où, je pense, le niveau sera plus relevé), mais de manière générale, le niveau était vraiment faible.
On prend les mêmes joueurs de Malte et on applique les règles de Namur et un format “advance par table”, et ça serait un régal.
Voilà pour ce compte rendu 🙂
Jérémie A.
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Commentaire de KungFox :
Merci, Jérémie, pour ce compte-rendu aussi détaillé qu’instructif ! Et merci aussi d’avoir quelque part « payé pour les autres au prix fort » en te rendant à un tournoi qui entre pleinement dans la catégorie des « bullshit tourneys » que je brocarde dans cet article.
Cela fait bientôt quinze ans que l’on sait que les tournois en mode « accumulatif » pur ne sont ni efficaces, ni équitables, ni satisfaisants pour les joueurs. Même aux US, les tables de BJ en mode accumulatif ne sont bien souvent qu’un moyen de faire le tri rapidement parmi les nombreux joueurs en lice aux premiers tours, avant de céder la place à des phases semi-finales et finale au format « élimination » traditionnel ! Ça veut organiser des championnats « mondiaux », et ça ne se renseigne même pas sur ce qui se pratique partout ailleurs dans la profession !
Résultat : en lieu et place d’un événement relevé, on a eu une sorte de convention de nullards sans aucune notion de gestion ni de stratégie, une convention dont le leitmotiv se résume par la phrase interrogative suivante : « Tu es riche ? Tu es con ? Tu es agressif ? Tu SERAS le meilleur ! » Tout le contraire de ce qui s’est passé à Innsbruck, en Autriche, le week-end suivant, auquel tu as également participé, et où tu as fini meilleur joueur francophone, en ne tombant qu’en fin de quarts de finale ! Pour cela : encore bravo.
Amis lecteurs et joueurs, rendez-vous un service et faites-moi une faveur : boycottez, conspuez les pseudo-tournois de Blackjack, et si vous ne pouvez pas vous empêcher d’aller y risquer quelque argent, alors écrivez-moi pour connaître les formules mathématiques à appliquer pour parvenir en table finale. En effet, ce format est si inintéressant qu’il a été « décodé » de fond en comble il y a déjà près de 30 ans par le célèbre Stanford Wong dans son ouvrage incontournable. Entre le lucratif et le sportif, je choisis… les deux, et les tournois accumulatifs bruts ne sont ni l’un ni l’autre.
Tournament vôtre,
KF