#4 – Du bon usage de la Stratégie de Base en tournoi de Blackjack

Bonjour à tou(te)s,

j’entends ou je lis souvent qu’en tournoi de Blackjack, la stratégie de base (SB) ne sert à rien, parce qu’improductive, ou alors qu’il faut s’y tenir absolument, car sinon c’est du suicide. Comme souvent, la réalité est plus nuancée :

– En tournoi, la Stratégie de base ne fait plus que refléter les moins pires décisions pour chaque main ‘off the top’, c’est-à-dire toutes choses égales par ailleurs, et donc indépendamment de votre mise, de celle de vos adversaires, du compte etc. Il s’agit d’une stratégie purement défensive. C’est pourquoi il est tout à fait justifié de s’y tenir lorsque l’on est soi-même dans une position / posture défensive, lorsque l’on ne veut pas prendre de risque excessif, lorsque l’on ne souhaite “pas perdre” sa main plutôt que la gagner. Par exemple, lorsque c’est encore le début du tournoi et que les adversaires misent petit, conservateur, pour observer les styles des uns et des autres.

– Mais on peut aussi très bien enfreindre la SB pour justement brouiller les pistes face à des adversaires compétents, bref pour passer pour un noob, sans que cela coûte trop cher.

– On peut aussi violer la SB pour des raisons purement défensives : à quoi me sert-il de splitter et resplitter jusqu’à avancer l’équivalent d’un quart de ma BR de départ juste parce que la SB me dit de le faire, si je vois que perdre ne serait-ce qu’une seule de ces mains me plongerait dans une mouise noire (perte du leadership, replongée en dernière position sur une main d’élimination etc.) ? Ou encore, pourquoi doubler si ma mise initiale est déjà une mise conséquente qui, si payée, fera le job sans risque de toute façon ?

– Comme on le voit, suivre ou non la SB est déjà un art et un langage, tout comme le calibrage des mises. Cela dit, la plupart des cas où il sera pertinent de quitter la SB seront des cas plus offensifs, lorsqu’il FAUT gagner sa main ou ne pas rester sur celle que l’on a, notamment parce que l’on a déjà compris que votre principal adversaire du moment va non seulement avancer en table suivante, mais va peut-être même de ce simple fait vous éjecter du tournoi ! Ainsi, tirer ou doubler ‘parce que c’est foutu a priori’, parce que cela placerait votre adversaire dans une position intenable, ou parce que cela le pousserait à commettre une erreur irréparable, ou, tout simplement, pour lui mettre la pression, n’aura rien d’une bravacherie irréfléchie, au contraire, et au contraire de ce que pensera l’assistance dans la salle (“qu’est-ce qu’elle fait ?! L’est folle ?! On tire pas sur 17 contre 6 !” etc.)…

– Ainsi, au fur et à mesure que l’on s’approchera des dernières mains, il faudra de moins en moins hésiter à faire abstraction du précieux tableau, et plutôt penser en termes d’objectifs chiffrés en jetons. De même, il faudra de moins en moins faire abstraction du style de jeu et de mise des adversaires qui vous semblent les plus compétents ou menaçants. Kenny Einiger, dans son ouvrage “Play to win”, entre autres auteurs, recommande la main X-10 / X-5 (sur une table de X mains) pour commencer à jouer ses mains de manière inorthodoxe.

On l’aura compris, les tournois de black-jack impliquent un LIBRE JEU avec la SB et autres stratégies optimales d’un point de vue mathématique (probabilités), selon votre style personnel (et c’est la beauté de ce jeu, aucun profil n’étant a priori favorisé), vos observations, la psychologie des autres joueurs etc. Si, au Blackjack régulier, la SB est le plus précieux auxiliaire et le comptage votre principale arme, en tournoi de Blackjack, ce n’est plus qu’un levier d’aide à la décision parmi d’autres. À vous de lui donner la place qu’elle mérite dans votre boîte à outils (sac à malices?) personnelle !

Bonnes cartes à tou(te)s, je me réjouis de vous rencontrer à une de mes tables !

Tournament vôtre,

YVB alias Kung Fox

Article publié originellement sur le forum du site www.blackjack-square.com le 9 mai 2017, et remanié pour les besoins de ce blog.